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Chroniques de Lara Lusytana
16 juin 2017

LUSODESCENTES ESTAM DE LUTO / LES LUSODESCENDANTS EN DEUIL

01-VIEIRA-EN-FEU-credits-Helio-Madeira

 

Je suis portugaise, je suis française.

Mon cœur est au Portugal, ma tête est en France.

Mes racines portugaises m’appellent tous les ans,

J’y fais mon plein de force, courage et d’énergies puis je repars en France remplie d’espoir.

Je suis très fière d’être binationale. Certes on a « le cul entre deux chaises » aux yeux des autres, on est portugais en France, français au Portugal. Bref, la réalité est bien plus profonde, l’histoire fait de nous ce que nous sommes et il est important d’y revenir pour nous comprendre.

La réalité est dans le sacrifice de nos parents qui ont quitté leur  pays natal pour offrir un avenir meilleur à leurs enfants. La famille est une raison de vivre pour chaque portugais. Si mes parents sont en France c’est entre autres pour nous. Toute ma famille est au Portugal, et bien que la distance puisse nous empêcher de créer du lien, il est en est tout le contraire. Mes grands-parents, oncles tantes, cousins, cousines ont tous participé à mon éducation, à mes valeurs.

Loin de leurs proches, nos parents nous ont donné une opportunité de nous offrir la possibilité de construire une identité singulière qu’ils vivent à travers nous. En effet, les enfants nés en France de parents portugais sont appelés  les lusodescendants. Certains n’aiment pas ce terme,  moi je le trouve classe.

Nous les lusodescendants sommes une identité propre. Les curieux nous questionnent souvent depuis notre plus petite enfance sur notre adaptation à passer d’un amour d’un pays à l’autre. Quel lusodescendant  n’a jamais entendu les fameuses questions : «  Mais tu te sens plus portugais ou plus français ? Si tu devais choisir un pays ce serait le Portugal ou la France ? ».

Demande-t-on à un enfant s’il aime plus sa mère ou son père ? Non, et bien c’est exactement la même chose. Nous ne sommes pas tirailler entre deux cultures, nous sommes ces deux cultures. Certes notre reconnaissance envers notre famille nous penche plus vers un amour inconditionnel pour le Portugal. Mais nous avons grandi en France, nous avons été formé, réalisé, et nous avons appris des valeurs qui font de nous une nouvelle génération de français ouvert vers le monde.

C’est une richesse, vous avez raison d’être jaloux.

Dans cette logique, quand le Portugal gagne à la coupe d’Europe je suis portugaise, quand la France gagne la coupe du monde je suis française, quand le Portugal gagne à l’eurovision je suis portugaise, quand la France gagne à miss Univers je suis française. Mais enlevez cette jalousie de votre tête, il n’y a pas que des moments de joie dans une nation. Je suis aussi française face aux attentats. Je suis française lorsqu’il faut se battre pour nos droits et notre liberté d’expression. Je suis française dans la douleur, le combat, et  la résistance.

Mais aujourd’hui la douleur est portugaise.

L’apocalypse est apparue ce weekend lors d’un incendie causé par Zeus et le vent. En quelques minutes plus de 60 personnes ont vu la mort et plus de 60 blessés seront traumatisés à vie. J’ai une profonde tristesse pour ces personnes qui ont perdu leurs vies en voulant sauver leur maison, leur terre, en voulant fuir des flammes mais qui encerclés sont mortes dans leurs voiture en pleine route. J’aurais pu, tu aurais pu, nous aurions tous pu être dans une de ces voitures.

Nous, lusodescendants, connaissons bien les différentes routes du Portugal. Nous avons traversé plus d’une fois la France, l’Espagne et pour certains une bonne partie du Portugal en voiture. Les valises remplies de cadeaux pour la famille,  la glacière pas loin du volant, un poulet pour la route et  le soleil ibérique qui nous accompagne sous sa chaleur poignante.

Nous voyons ces routes  qui traversent les forêts de pins, eucalyptus, fougères et les vallées aux couleurs vertes éclatantes, nous remplissons nos poumons et admirons la beauté naturelle de notre petit pays, à ce moment-là on se sent tellement portugais…ça nous prend aux tripes et on songe même à venir y vivre. Mais nous voyons aussi chaque année ces arbres noirs, brulés par les feux. Tous les ans, les pompiers volontaires se battent pour éteindre les flammes fougueuses qui détruisent des villages, des maisons et aujourd’hui des familles. Et tous les ans, c’est le même débat autour des moyens qui ne sont pas mis en place. Nous sommes impuissants envers la nature certes, mais pourquoi doit on en France comme au Portugal attendre un drame pour prendre des mesures ? Prévenir c’est guérir. Sauf que les gouvernements ont peur de perdre un bras, alors  ils préfèrent y perdre des vies, après tout ça justifie mieux une prise de risque.

La colère, la tristesse, l’incompréhension et l’impuissance collective sont des sentiments que nous connaissons en France et que je revis en portugais.

 Le Portugal est en deuil, le deuil n’a pas de frontière, je suis en deuil.

La solidarité est le seul refuge. Solidarité civile, nationale, européenne.

Et si je paye des impôts pour envoyer des avions rempli d’eau et bien monsieur le Président faites donc avec le plus grand des plaisirs. Je vous invite également pour un meilleur développement des moyens de transmettre la facture à chaque joueurs de football qui se feront un plaisir d’alimenter ce monde aberrant avec leurs quelques millions. Ça servira toujours plus qu’une minute de silence dans un stade non ?

Je suis portugaise, je suis française.

Ma tristesse est en France, ma solidarité est au Portugal.

J’aimerai transmettre à mes racines,

Courage, Force et énergies,

Pour reprendre ensemble espoir.

 

LH 19/06/2017

 

 

 

 

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